La pénurie

Publié le par infirmier D.E.

Les syndicats dénoncent souvent le manque d'éffectif. Hôpitaux, maisons de repos, services de soins à domicile; aucune structure de soins n'est épargnée par la pénurie criante de personnel infirmier.
Dans mon service, c'est également le cas. Normalement, il devrait y avoir 3 infirmières le matin avec 4 aide-soignantes, l'après-midi 2 infirmières et 2 aides- soignantes. La réalité est toute autre: on compte 2 infirmières et 2 aides soignantes le matin et très souvent 1 infirmière l'apres-midi avec 2 aides-soignantes. La qualité des soins s'en fait sentir!

Que faut-il faire? Analyse.

Il y a 10 ans, le président de l'Association catholique de nursing disait "si l'on améliore les conditions de travail et de rémunération du personnel infirmier, je suis sûr qu'on ne parlera plus de leur pénurie dans quelques années". Donc, le problème est toujours existant mais a pris plus d'ampleur.
Métier fortement féminisé, depuis toujours elles témoignaient de la pénibilité, de la surcharge de travail, du manque de temps passé au chevet du patient, de la difficulté de concilier vie professionnelle et familiale. S'ajoute à ces revendications, une devalorisation du métier par une rémunération faible. 
Ce métier attire de moins en moins de jeune car il est devenu de plus en plus exigeant. Ce n'est pas le numérus clausus qui freine le recrutement, mais bien le métier qui ne donne pas une image attrayante. Dans la fonction public, la rémunération est faible, 1400 euros par mois avec 2 week end travaillés. C'est peu après 3 ans et demi d'étude après le baccalauréat. 
Dans ces conditions, il devient très difficile de remplacer tous ceux qui quittent leur emploi pour de multiples raisons.
Sur fond de pénurie, les moindres période de formation, congés de marternité, vacances et congés de maladie du personnel exacerbent les difficultés d'organisation des services et accroissent encore la charge de travail. C'est un cercle vicieux, épuisement et démotivation qui s'installe. Dans mon hôpital, les période de formation sont quasi inexistantes.

Il est necessaire de s'interroger sur cette pénurie, mais les solutions à cette pénurie passent par des améliorations des conditions de travail, c'est à dire une organisation du travail plus humaine, des horaires de travail plus adaptés, une participation accrue du personnel infirmier et soignant dans les décisions de la qualité des soins. 

Tout ceci n'explique pas tout, car les pouvoirs publics avec leur politique de restriction budgétaire, veulent réduirent les effectifs en place. C'est le cas dans mon hôpital, de nuit nous sommes 2 : un infirmier et une aide soignante pour 30 patients. C'est angoissant, les choix sont difficiles, lorsqu'un patient hémiplégique pesant 94 kilos tombe du lit  et que dans le même temps un autre patient tente de se défenestrer; nous nous trouvons dans une situation dangereuse pour les patients et pour nous aussi.
Ceci montre une autre réalité, les hôpitaux publics, victimes des restrictions budgétaires et de la course à la rentabilité, en sont finalement à gerer la pénurie.

Publié dans Politique de santé

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T
Bonjour,<br /> il est évident que cette pénurie est organisée. Il est certain que nous courrons vers la privatisation des hôpitaux. Une grève illimitée, mais y sont où les révolutionnaires ? Je suis allé à la manif samedi contre les franchises... Y'avait 1000 personnes... un peu juste pour une grève illimitée ! Les français ne voient pas le danger, ils se complaisent dans ce système qui ne mettra plus très longtemps à s'écrouler.
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P
Effectivement, la pénurie des infirmiers est organisé depuis, il me semble, les années 80. Les révolutionnaires, c'est fini, la seule figure illustre héro est le CHE que beaucoup tente aujourd'hui de ternir son image et d'en faire un martyr insignifiant. Les grèves ne font plus recette, malheureusement! Préparons nous au pire. 
L
ESt on vraiment en pénurie? est ce souhaité par nos chers politiciens?<br /> Il profite de manque pour privatiser et ramener vers le bas nos moyens de subsistance.
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C
Cette pénurie est largement organisée en catimini!<br /> Notre cher Sarkozy ne peut pas annoncer que même dans les hôpitaux il faut "dégraisser", ce serait politiquement incorrect, car s'il est un service public auxquels les français sont attachés c'est bien celui de la santé!<br /> Ne rien faire pour rendre attractive la profession d'infirmier ou de médecin hospitalier est le plus sûr moyen de faire en sorte que l'édifice s'écroule sur lui-même. Ainsi la part belle sera faite aux cliniques dirigées par des consortium financiers qui n'auront qu'un credo à la bouche "rentabilité". L'hôpital redeviendra ce qu'il était à l'origine...l'asile des plus pauvres!<br /> Triste constat d'un avenir proche n'est-ce pas ?<br /> Le seul moyen de lutter est de prendre conscience de cette volonté et de la refuser en mettant sur pied des mouvements massifs de grève illimitées . Les cliniques n'auront qu'à gérer les urgences !
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